11 mars 2012
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18:30
Allez savoir pourquoi, mais voir cet homme se passer de la crème Chantilly sur le visage m’a fait rire… Peut-être aussi parce que le commentaire fourni pour expliquer cet acte de transgression s’avère être : « cela fait longtemps que je n’ai pas tourné un film de fiction ». Et c’est bien le drame : imaginez un monde dans lequel les réalisateurs se réunissent à des séances des RA (les réalisateur anonymes) pour s’épancher sur le temps écoulé depuis la réalisation de leur dernier film ; et cela peut être long… Et pourtant, dans la salle, les éclats de rire fusent, libérateurs pour ceux confrontés à cette réalité, simplement spontanés comme un gimmik qui fonctionne pour le spectateur non-initié.
Si l’on se réfère à La Fontaine, la tortue du film pourrait donner le ton : au rythme de 9mn/an en moyenne, il aura fallu 10 ans à Renaud Cohen pour sortir son 2ème long, comme on dit chez les réalisateurs. Ce film est un témoignage « à la Candide » de ce parcours du combattant que l’on doit affronter/subir pour aller au bout de ses rêves – comme le chante si bien JJG (Jean-Jacques Goldman).
« Au cas où je n’aurais pas la Palme d’Or » : comme le pense spontanément 99,99% des personnes interrogées, le titre du film est une pure trouvaille, un titre qui fait spontanément sourire et en même temps qui indique l’ambition absolue de son auteur. Tout réalisateur qui se respecte ne s’est-il jamais imaginé obtenir cet emblème mythique ? Et n’a-t-il pas déjà rédigé ce fameux discours qui devra rester dans les annales..? ;)
L’univers de ce « jeune » réalisateur de 45 ans est à la fois d’une naïveté déconcertante dans la poésie qu’il met à décrire son quotidien, et touchante de réalisme ; mais également entièrement doublé d’un univers créatif intense et d’une parfaite maîtrise technique. Le film est riche de trouvailles en termes de mise en scène, d’utilisation du flash–back très subtile (tout est dans la couleur de la tunique col Mao), des entrelacs savamment tissés entre réalité, fiction, réalité dans la fiction et fiction dans la réalité. La dernière image du film témoigne justement de cette boucle savamment orchestrée, de même que le scénario suit un cycle finalement proche de celui de la vie, à la façon d’une citation d’Epicure.
Avec un casting défiant toutes les logiques et pourtant juste, on trouve au final un film qui n’est pas sans évoquer les errances de la création et la façon dont on peut ou non utiliser sa vie comme propre matériau de son art. Cette avant-première* résonne pour moi avec la sortie du deuxième opus de Julie Delpy par exemple ou de façon plus lointaine aux échos d’un Woody Allen ou d’autres réalisateurs imbriquant leurs vies, leurs films et des films dans leurs films.
Ce mode labyrinthique pourtant ne nous perd pas et ne fait qu’éclairer tout en demi-teinte l’envers d’un décor souvent envié et qui attire par sa lumière. Les gens du métier y trouveront un miroir si peu déformant tandis que les spectateurs sauront l’accueillir comme une sorte de BD : le côté fortement improbable de l’ensemble et de l’ensemble des trouvailles incorporées donnent à ce film une bonne pâte qui ne demande qu’à être reconnue comme la signature d’un réalisateur confirmé et qui mériterait qu’on lui porte plus qu’une reconnaissance honorifique pour atteindre la plus large diffusion possible et rencontrer le public.
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* j'ai vu ce film en avant-première en Mars...