Combien d'heures peut-on passer connecté sur son ordinateur, hors du temps et de la réalité..? Pour certains, l'addiction est là, qui ne fait plus aucun doute... jusqu'au conjoint qui reproche : "tu passes plus de temps avec ton ordinateur qu'avec moi !".
Il existe un côté hypnotique, obsessionnel à emmagasiner, à savoir ce qui se fait, à "en être", au point de perdre pied, et même pire, de perdre son identité.
Déjà en 1993, Jean-Marc Ligny débroussaillait la piste dans Cyberkiller :
et réédita l'expérience dans Inner City :
Soudain, un visage émerge du néant. Maze le reconnaît: c'est lui-même. Son propre clone perdu dans l'abîme virtuel. La Réalité Profonde, là oû finissent par s'enliser les Inners hallucinés qui ont débridé leur console. «Allons, se rassure-t-il, Maya va me recréer».
En effet, Mens Sana, spécialisé dans la récupération des Inners en détresse, a décidé d'intervenir et réussit à contacter Kris, une brune longue et souple. Mais il n'y a plus aucune trace de Maze en cyberspace. Il a quitté la Haute Réalité. Kris arrivera-t-elle à temps pour le réanimer ? Réussira-t-elle à lui faire réintégrer son corps avant que son coeur ne cesse de battre ?
En ce XXIème siècle, le virtuel a supplanté le réel. Un monde où l'on se déplace à des vitesses folles, où l'on joue avec sa propre identité. Où l'on s'aime, même. Au risque de se perdre à jamais...
trois ans plus tard.
C'est dans un futur relativement proche que se situe l'action de «Inner City», un futur dans lequel les loisirs virtuels ont supplanté la réalité : un gigantesque réseau permet en effet aux Inners de passer la majeure partie de leur temps dans ce que l'on appelle la Haute Réalité. Mais, au sein de ce réseau des réseaux, il est toujours possible de se perdre et de ne plus avoir la possibilité de se déconnecter, de revenir seul à la réalité. Kris, qui appartient à Mens Sana, a pour charge d'aider ces inners en détresse à retrouver notre monde. Aussi, lorsqu'un «fantôme» va apparaître au sein de la Haute Réalité, Kris va se voir confier la périlleuse tâche de le traquer...
Jean-Marc Ligny nous propose ici un roman très bien mené, dense, dans lequel il décrit un futur technologique effrayant et dangereux, où l'on retrouve à la fois des nantis perdus dans un monde virtuel, et des laissés pour compte, abandonnés à leur sort, physiquement exclus de villes de plus en plus désertiques, déshumanisées. lire cette critique en ligne
Le succès de Second Life confirme cette tendance...
Pour ma part, j'ai été affligée de voir que lorsque l'on offre un espace de création collectif virtuel, au lieu d'aspirer à un peu de fantaisie et surtout d'idéalisme, on ne fait finalement que retomber sur les mêmes travers et problèmes que dans la réalité : tout espace vide est construit de gratte-ciel et de zones commerciales, il faut soigner son look, avoir de l'argent et paraître au maximum... Ce qui n'est pas sans me rappeler l'acide chanson de Jamiroquaï "Virtual Insanity" qui nomme ce billet :
I can't breathe
No more will we be
And nothing's going to change the way we live
(...) And now that things are changing for the worse,
See, its a crazy world we're living in
And I just can't see that half of us immersed in sin
(...) Futures made of virtual insanity now
(...) For useless, twisting, our new technology
(...) And I'm thinking what a mess we're in
Hard to know where to begin
If I could slip the sickly ties that earthly man has made
And now every mother, can choose the colour
Of her child
That's not nature's way
Well that's what they said yesterday
There's nothing left to do but pray
I think it's time I found a new religion
Waoh - it's so insane
To synthesize another strain
There's something in these
Futures that we have to be told.
(...) And now it's virtual insanity
Forget your virtual reality
Oh, there's nothing so bad.
(...) Of this virtual insanity, we're livin in.
Has got to change, yeah
(...) And I can't go on
While we're livin' in oh, oh virtual insanity
Oh, this world, has got to change
Cos I just, I just can't keep going on, it was virtual.
Virtual insanity that we're livin' in, that we're livin' in
That virtual insanity is what it is(...)
C'est peut-être ce qui m'empêche de me laisser prendre "au jeu". Curieux "hasard", ma première nouvelle parlait des déboires du... Minitel (ancêtre préhistorique de l'Internet en France ;) et de la nécessité de "débrancher"...
Une fois encore, l'outil est à l'image de ceux qui s'en servent...