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24 juillet 2016 7 24 /07 /juillet /2016 18:00

Le théâtre - le spectacle vivant en général - ouvre les portes de l'imaginaire sans toujours forcément scléroser la forme.

 

Parmi mes pépites avignonnaises, j'ai cueilli deux spectacles ayant choisis la forme de la conférence pour présenter un propos avec talent et succès.

 

 

2 spectacles-conférences : montrer par l'exemple, défendre avec passion
« C'est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens. »
 
 

Zigzag pose la question de la place du metteur en scène dans la création.

 

Une bonne question à laquelle la réponse est apportée par le truchement de la conférence, mais également par l'exemple en proposant trois mises en scène différentes de la première scène du Médecin malgré lui de Molière. Ce choix basé sur sa notoriété m'a particulièrement touchée, car cela a effectivement été la première scène que j'aie jamais jouée.

 

Au travers de cet exercice et de cette écriture "libre", sont aussi proposés différentes formes du théâtre et certains profils mis à mal, tels la pinup inculte ou le pédant au super ego. Le comique de la scène et les choix de mise en scène font le plaisir de tous. Le public adhère et pour certains dont cela pourra être une première prise de contact avec le théâtre, cela sera sans nul doute un très bon souvenir.

 

Un format court et maîtrisé, tant dans le fond - par les références choisies (Einstein, Brook, Mnouchkine,...), que dans la forme, grâce aux talents conjugués de Xavier Lemaire (Le Conférencier /co-auteur et metteur en scène) et de Caroline Mexme (scénographe).

 

Un coup de coeur particulier pour le duo clownesque des régisseurs plateau d'une sincérité touchante, interprétés par Isabelle Andreani (co-auteur / La Comédienne) et Franck Jouglas (Le Comédien).

 

A voir en Avignon à La Luna juqu'au 31 juillet : https://www.theatre-laluna.fr/spectacle/zigzag

 

Les dessous chics de l'orthographe

 

La convivialité incarne par son titre un moment d'échange privilégié, offrant à 12 chanceux à la fois de pénétrer dans la réplique d'un salon d'appartement un peu suranné au moment de l'apéritif pour y parler belles lettres...

 

Dans cet exercice original, deux linguistes belges proposent de défendre - preuves à l'appui - la réforme de l'orthographe. Avec toute la "doxa" qui s'impose dans le fond, ils se posent sans s'imposer sous une forme joyeusement décalée pour rester accessibles. Et, grâce à Kévin, graphiste de talent mais aux rapports compliqués avec l'orthographe, les supports sont au service de la compréhension, avec notamment un jeu de cartes unique en son genre qui explique, enfin, la très surprenante règle du COD.

 

Partant de principes de construction volontairement élitistes, conférant un caractère "sacré" à la langue, l'orthographe - de par cette gymnastique incroyable qu'elle impose à l'esprit - a des conséquences graves dans la vie de générations d'élèves, leur compliquant le chemin vers l'estime de soi et l'accès au travail, en générant ce que l'on nomme "l'insécurité linguistique".

 

Afin de séparer les gens de lettres des autres, la difficulté a été privilégiée, ainsi que les racines les plus "classiques" ("chic" serait plus approprié en fait) parmi le latin et le grec, oubliant notamment l'apport de l'arabe, par exemple, qui représente une bonne partie des origines de notre vocabulaire quotidien.

 

Ce cadre imposé s'évertue à inculquer, là où il faudrait enseigner et ne relève que la "faute", au lieu d'aider à comprendre et corriger une erreur. Au final, des gens de tout âge basculent d'un "mal faire" à un mal-être ("mal lettre") : il faudrait parler de mal lettrés, là où la définition académique préfère cultiver des ignorants :

 

La Compagnie declare qu'elle desire suiure l'ancienne orthographe qui distingue les gents de lettres davec les ignorants et les simples femmes, et qu'il faut la maintenir par tout, hormis dans les mots ou un long et constant usage en aura introduit une contraire.(académicien Mézeray dans un projet pour le Dictionnaire de l'Académie de 1694)

 

Il est temps de dynamiter gentiment la bien-pensance et de retrouver le goût de la langue dans un rapport démystifié et décomplexé afin de rassurer ces générations traumatisées. Un voeu pieu mais qui commence par une petite action, comme assister à cette proposition, qui deviendra une création de plus grande envergure à la rentrée au Théâtre National de Bruxelles !

 

Pour en savoir plus : http://www.laconvivialite.com/ 

 

(A Avignon, les représentations ont joué à guichet fermé et j'ai été heureuse de pouvoir assister à l'une des dernières...)

 

 

 

 

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